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TENDANCES ALIMENTAIRES

L'Alimentation au travail

Restauration rapide, déjeuner au restaurant, cantine d’entreprise, lunch box… quelles sont les habitudes alimentaires des Français sur leur lieu de travail et quel impact ces pratiques ont-elles sur leur équilibre alimentaire et sur leur efficacité professionnelle ?

Selon une étude 1 réalisée en 2018, les Français sont considérés comme les « rois de la pause déj » ! La France est le pays où l’on prend le plus de temps pour déjeuner : 39% des Français prennent une pause déjeuner d’au moins 30 minutes avec leurs collègues, et seuls 14% d’entre eux mangent assis à leur poste de travail, contre 25% aux États-Unis et au Royaume-Uni 2.

Source : Etude Happiness Index – novembre 2018

En termes d’habitudes alimentaires sur le lieu de travail, la France se démarque de ses voisins sur un autre aspect : alors qu’une majorité d’Européens serait des inconditionnels de la fameuse « lunch box » (repas à emporter), les Français restent attachés malgré la crise économique à leur légendaire culture gastronomique et se laissent davantage tenter que les autres par un repas au restaurant.

Néanmoins 30 minutes de pause déjeuner paraît très faible quand on regarde 30 ans en arrière : en 1990 les salariés arrêtaient toute activité professionnelle pendant 1h30 en moyenne pour déjeuner ! Une donnée qui illustre l’évolution des enjeux et des usages de la société actuelle. Si la pause déjeuner est, comme son nom l’indique, d’abord consacrée au repas, elle est à présent pour beaucoup l’occasion soit de prendre du temps pour eux, par exemple en faisant du sport, soit de s’acquitter de tâches personnelles et chronophages (par exemple des rendez-vous médicaux, du shopping sur internet, des réservations de vacances…).

Pause déjeuner : quelles sont les pratiques des salariés en France 3 ?

On note une légère augmentation du nombre de Français déclarant ne pas prendre de pause déjeuner : alors qu’ils n’étaient que 4% en 2007, ils sont aujourd’hui 6%. Pour les salariés affirmant prendre une pause-déjeuner, la répartition se décompose comme suit 4 :


  • La « lunch-box » : 33% des salariés français préfèrent apporter leur déjeuner au travail, tant pour des raisons économiques que par volonté de cuisiner selon leurs propres goûts.
  • A la maison : les salariés vivant à proximité de leur lieu de travail sont nombreux à rentrer chez eux pour se restaurer durant la pause méridienne (33% également).
  • Le restaurant d’entreprise : on estime que 20% des salariés se rendent à la cantine de leur entreprise 5. Il faut toutefois noter que beaucoup d’entreprises n’ont pas de cantine et n’offrent donc pas ce choix à leurs salariés. La pause déjeuner est devenue un moment « pour soi » dont la portée individuelle explique le désintérêt croissant des Français pour les restaurants d’entreprise, des lieux à l’offre jugée trop uniforme pour des salariés en recherche d’expériences personnalisées.
  • Restaurant ou achat d’un plat à emporter : crise économique oblige, ce mode de restauration est en baisse constante depuis 2007 : seuls 18% des salariés choisissent un repas au restaurant ou l’achat d’un sandwich.


S’ajoute à cela les évolutions récentes comme par exemple l’émergence du télétravail ou la mise en place d’horaires aménagés, qui ont fait apparaître ces dernières années de nouvelles habitudes alimentaires. Pour ces salariés en recherche d’un rapport plus souple avec leurs horaires de travail, les repas ont tendance à être plus déstructurés, et les déjeuners sont parfois occultés au profit de « pauses snacking » à différents moments de la journée, en fonction de leur faim ou de l’organisation de leur emploi du temps.

Pause déjeuner : quel impact sur l’équilibre alimentaire des Français ?

Caroline Rome  l’atteste :

« On peut bien manger de façon rapide et intelligente. Pour s’assurer d’une pause déjeuner efficace, il faut privilégier les sucres lents (céréales, légumineuses, légumes, pâtes, riz…) et les protéines (comme la viande ou les œufs). »


Les Français ont une exigence de qualité accrue concernant le contenu de leur assiette, et cela quel que soit le mode d’alimentation qu’ils choisissent : 68 % d’entre eux indiquent faire attention à l’équilibre de leur alimentation 6 . Une affirmation qui explique que les fast-foods, qui régnaient en maîtres à la fin du 20ème siècle, perdent du terrain face aux solutions prônant le bien-manger. Face à ces évolutions sociétales, les professionnels de la restauration rapide et les industriels de l’agroalimentaire qui proposent des plats préparés dans les grandes et moyennes surfaces adaptent leurs offres, ayant compris l’intérêt de proposer des produits qui répondent aux attentes des Français en faveur du bien-manger.

Ces aliments procurent l’énergie nécessaire pour se maintenir en forme et optimiser ses capacités professionnelles.

Alimentation au travail, entre performance et lien social

Une alimentation saine est un facteur clé de bonne santé mais aussi de productivité. Prendre le temps de déjeuner pendant sa journée de travail (et d’y accorder plus de 30 minutes) permet d’accroître la productivité 8 , les individus déjeunant à leur bureau sont souvent moins efficaces même si leur premier souhait est de gagner du temps. Les chiffres viennent appuyer cet état des lieux : 80% de ceux qui prennent une pause déjeuner sont satisfaits de leur travail, alors que ceux qui en sont mécontents mangent plutôt devant leur ordinateur 9 .

La pause déjeuner est également essentielle pour se déconnecter des écrans, approfondir la relation avec ses collègues, et se révèle être un formidable vecteur d’intégration pour les nouveaux arrivants dans l’entreprise. Un constat partagé par les Français, puisque 56 % des salariés considèrent que le déjeuner reste un moment de détente 10 . Faire un vrai break à l’heure du déjeuner est un moyen de déclencher un cercle vertueux, et éventuellement de tisser des liens extra-professionnels avec ses collègues. Pour les travailleurs indépendants qui évoluent seuls, la notion de pause déjeuner est cruciale car elle représente une opportunité de socialisation. Selon Caroline Rome, la pause déjeuner « permet de prendre du recul par rapport à la charge de travail, de revenir avec un œil neuf. Quand on a plus de distance, on est plus à même de juger les priorités ».
Cette observation rejoint celle des chercheurs de l’Ecole de Management de Grenoble 11 , et du concept « d’errance mentale » qu’ils mettent en avant : s’aérer et prendre une vraie pause déjeuner permet de relâcher son esprit de toute sollicitation, de régénérer la capacité attentionnelle et de booster la concentration.

Loin d’être anodine, la question de l’alimentation en milieu professionnel doit être envisagée dans une approche holistique car elle a des conséquences tant en termes d’équilibre alimentaire, d’efficacité au travail que de lien social.

Sources

  1. Etude « Quel est votre repas idéal ? » réalisée par Edenred (leader du titre Ticket restaurant) auprès de 2 500 salariés dans 14 pays à travers le monde, dont 9 Etats membres de l’UE (2018)
  2. Etude Happiness Index (novembre 2018)
  3. Etude MenWay (décembre 2017)
  4. Total de 104%, certains salariés alternant entre 2 options.
  5. Etude annuelle Santé et Bien-être des salariés, Malakoff Médéric (2016)
  6.  Enquête Ideal Meal sur les habitudes alimentaires, réalisée par Edenred (avril 2016)
  7. Consultante pour Novéquilibres, portail sur la qualité de vie au travail.
  8. Etude Happiness Index (novembre 2018)
  9. Etude Happiness At Work 2018
  10. Enquête Ideal Meal sur les habitudes alimentaires, réalisée par Edenred (avril 2016)
  11. Etude de Cyril Couffe, docteur en psychologie cognitive et neuropsychologue, chercheur associé à la Chaire « Talents de la transformation digitale » à Grenoble Ecole de Management (septembre 2017)